Systèmes linéaires
Sommaire
Ce document ne saurait remplacer un cours car il ne comporte aucune
démonstration. Il peut permettre de revenir sur la
théorie des systèmes linéaires avec recul sans être uniquement
occupé par les calculs. Réfléchir aux données avant de calculer et
aux résultats après avoir calculé doit permettre de calculer plus
intelligemment et d'interpréter avec pertinence les solutions.
Pour les étudiants préparant le CAPES, il propose de voir les systèmes linéaires comme une approche essentielle des sous-espaces affines : l'ensemble des solutions d'un système linéaire, s'il n'est pas vide, est un sous-espace affine de direction le sous-espace vectoriel des solutions du système homogène associé. Une solution particulière est un point de ce sous-espace affine.
Ce document mis en ligne par Marie-Claude David a pour base essentielle
le résumé de cours du S2 MIAS rédigé par Myriam Déchamps. Les remarques sur
les algorithmes sont dues à Karim Belabas.
Définitions et propriétés
Système linéaire
Soient
et
deux
nombres entiers. On appelle
système linéaire de
p équations
(scalaires)
à
n inconnues à coefficients dans un corps
K un
ensemble d'équations de la forme
(
S) :
où :
- les
sont des
scalaires dans
K, appelés les coefficients du système ;
- les vecteurs
de
sont les vecteurs colonnes du système ;
- les
, sont des scalaires dans
K,
appelés les seconds membres du système ;
le n-uplet
de
Kp est le
second membre du système ;
- les
sont les inconnues , que l'on
cherche dans
K ;
est le n-uplet inconnu ;
- la matrice
à coefficients dans K :
est appelée la matrice du système linéaire
(S).
Soit
le vecteur colonne second membre de
(S).
L'écriture matricielle du système est
A X=B, c'est-à-dire :
Solution et compatibilité
-
Un
n-uplet
est une solution de
(S) si elle vérifie les
p équations du système ;
- Résoudre
(S) c'est décrire l'ensemble
des solutions de
(S) ;
- Le système
(S) est compatible s'il admet au moins une solution ;
sinon,
(S) est dit incompatible ;
- On dit que
S est un système homogène si le
second membre
b est nul ;
- Le système linéaire obtenu lorsqu'on remplace dans
(S) le n-uplet
b par le n-uplet
s'appelle le système homogène associé à
(S) .
Propriétés
- Un système homogène est toujours compatible
puisqu'il admet le n-uplet
comme solution.
- L'ensemble des solutions d'un système homogène est
un sous-espace vectoriel.
- Si
s1 et
s2 sont des solutions d'un système linéaire
(S),
s1-s2 est une solution du système homogène associé
(S0).
- Si
s est une solution d'un système linéaire
(S), alors on
obtient toutes les solutions de
(S) en ajoutant à
s les solutions
du système homogène associé
(S0), c'est-à-dire :
L'ensemble des solutions de
(S) est donc le sous-espace affine
de
passant par
s et de direction
.
On peut considérer chaque équation du système comme l'équation d'un
hyperplan affine, l'ensemble des solutions du système est alors
l'intersection des
p hyperplans affines.
La question de la compatiblité d'un système linéaire est donc
fondamentale. Un système homogène est toujours compatible, en effet
une intersection de sous-espaces vectoriels n'est jamais vide. Si le
système n'est pas homogène, il représente une intersection de
sous-espaces affines qui peut être vide dans le cas d'un système
incompatible.
Exercices
Exercices simples de modélisation
Résolution des systèmes linéaires échelonnés
Matrice échelonnée
Une matrice
est dite
échelonnée
ou
en échelons s'il existe un entier
r,
et
une suite d'entiers
tels que :
-
(
si
j1=1 ) ;
(c'est-à-dire que les
sont les premiers coefficients non
nuls des
r premières lignes, on les appelle pivots et on remarque
qu'il n'y a qu'un pivot par ligne et par colonne.)
-
(c'est-à-dire que
toutes les lignes après les
r premières sont nulles)
Exemple.
Considérons les matrices de
:
La matrice
A est échelonnée, la matrice
B ne l'est pas.
Voici un autre exemple de matrice échelonnnée que vous pouvez
:
Exercice.
Cette matrice est-elle échelonnée ?
Système linéaire échelonné
Un système linéaire
A X=B
possédant une matrice échelonnée
est dit échelonné ; l'entier
r s'appelle
le rang du système (ou de la matrice
A du système), les
inconnues
sont les inconnues
principales et les autres inconnues sont dites non
principales ou secondaires .
Enfin, les coefficients non nuls
, sont les pivots du
système.
Compatibilité
- cas
r=p
Le système linéaire est compatible.
L'égalité
r=p signifie que les conditions imposées aux variables (les
équations) sont indépendantes donc compatibles entre elles.
- cas
r<p
Les
p-r dernières équations ont leurs premiers membres nuls, donc
le système est compatible si et seulement si les
p-r derniers
seconds membres sont nuls. On a donc
p-r conditions de
compatibilité à vérifier.
Exercice.
Questions sur le rang et la compatibilité
Résolution
Si le système n'est pas compatible, par définition son ensemble de
solutions est vide. S'il est compatible, on fait passer les inconnues
secondaires dans le second membre et on les considère comme des
paramètres (on a donc
n-r paramètres) et on résout le système en
commençant par calculer
xr dans la dernière équation et en
remontant.
Bien sûr si on a l'égalité
n=r, alors la solution, quand elle
existe , est unique.
Dans le cas particulier :
r=p=n, le système est
dit de Cramer, il a une et une solution.
Exercice.
Inconnues principales, secondaires
En résumé, l'ensemble des solutions peut être vide
(système incompatible), contenir un unique élément (système
compatible et
r=n) ou une infinité.
Conseils pour la résolution d'un système linéaire échelonné
On commence par déterminer
r,
p et
n puis on dresse
la liste des cas possibles :
- système incompatible
- système compatible et solution unique.
Indiquez le nombre de conditions de compatibilité.
- système compatible et infinité de solutions.
Indiquez le nombre de conditions de compatibilité et le
nombre de paramètres.
Avant de se lancer dans des calculs, il est important d'avoir une idée
sur le type possible de l'ensemble des solutions.
A la fin des calculs, on présente l'ensemble des solutions sous la forme de la somme d'une solution
particulière et de l'ensemble des solutions du système homogène
(présentées comme combinaison linéaire de
n-r solutions indépendantes).
-
Exemple 1.
On résoud le système linéaire :
Première étape
: C'est un système de Cramer.
Une et une seule solution.
Deuxième étape
Il se résoud à partir de
x3, on obtient
x3=2 puis
et
enfin
L'ensemble de solutions est
.
-
Exemple 2.
On résoud le système linéaire :
Première étape
r=p=3 et
n=4 : Le système est compatible. Les solutions dépendent
d'un paramètre.
Deuxième étape
On passe
x4 au second membre comme un paramètre
:
puis, on résoud à partir de
x3, on obtient :
puis
et enfin
L'ensemble des solutions
est
-
Exemple 3.
On résoud le système linéaire :
Première étape
r=3 et
p=4 : Il y a une condition de compatibilité à vérifier.
r=n : La solution si elle existe est unique.
Deuxième étape
Le système n'est compatible que dans le cas
et on
obtient alors la solution unique
(x1,x2,x3)=(-1,1,2).
La conclusion s'écrit :
-
Exemple 4.
On résoud le système linéaire :
Première étape
r=3 et
p=4 : Il y a une condition de compatibilité.
r=3 et
n=4 : Quand il est compatible, le système a une infinité de
solutions dépendant d'un paramètre.
Deuxième étape
A vous de travailler :
Résolution d'un système échelonné
Parfois, on peut trouver l'ensemble des solutions sans résoudre le système.
Méthode de Gauss
La méthode de Gauss permet d'obtenir un système linéaire échelonné
(donc qu'on sait résoudre) équivalent à un système donné.
Définitions
Deux systèmes linéaires sont
équivalents s'ils ont le même ensemble de solutions.
Dans toute la suite,
(S) est un système linéaire de
p équations,
n inconnues, à coefficients dans
K.
On appelle
tableau complet du
système linéaire
(
S) le tableau de nombres suivant :
(à la gauche de la barre il y a les coefficients de la
matrice du système, à la droite la matrice colonne du second
membre)
On appelle
opération
élémentaire sur
(
S)
(ou sur les lignes de son tableau complet) une des opérations
suivantes :
- Permuter deux lignes.
- Multiplier une ligne par un scalaire non nul .
- Ajouter à une ligne une combinaison linéaire des autres
lignes, c'est-à-dire une somme de multiples scalaires des autres
lignes.
Proposition
- Toute opération élémentaire
sur un systéme linéaire
(S) le transforme en un système linéaire
équivalent.
- Il existe une suite finie
d'opérations élémentaires qui transforme le système linéaire
(S)
en un système échelonné.
La méthode du pivot de Gauss de résolution d'un système
linéaire
(S) consiste à :
- écrire le tableau complet du système ;
- effectuer sur ce tableau des opérations élémentaires dans
un ordre bien déterminé de façon
à transformer la matrice
A du système en une matrice échelonnée
A' ;
- résoudre le système échelonné
(S') correspondant,
équivalent à
(S) :
l'ensemble des solutions de
(S') est l'ensemble des solutions de
(S).
Remarques
- Pour alléger l'écriture, on effectue les opérations
élémentaires sur le tableau des coefficients. Il faut garder à
l'esprit que ces tableaux représentent des systèmes équivalents.
-
Il y a en général plusieurs choix
d'opérations élémentaires qui permettent de transformer un
système linéaire en système échelonné équivalent. Ces
différents choix peuvent conduire à écrire la solution
générale du système sous des formes différentes (inconnues
principales ou solutions particulières différentes). Pour
faciliter la comparaison des solutions et la vérification, il est
conseillé d'écrire les solutions comme somme d'une solution
particulière de
(S') et d'une combinaison linéaire de solutions
particulières de
(S'0) (les coefficients étant les inconnues
secondaires). Ainsi pour vérifier le résultat, il suffit d'injecter
la particulière de
(S') et celles de
(S'0) dans les systèmes
(S) et
(S0).
-
Notre description de la méthode de Gauss suppose que le système est connue de façon exacte. C'est rarement le cas dans les applications pratiques où seules des quantités approchées sont disponibles, par exemple fournies par des mesures physiques. Que signifie une solution exacte d'un système approché ?
Il n'est en rien évident (c'est en général faux) que ce soit une solution approchée du système exact.
Exercices
Voici pour commencer un exercice traité :
Exemple.
Résoudre dans
le système :
Solution :
Le tableau du système se transforme ainsi par les opérations
élémentaires indiquées
(tous les systèmes représentés par les tableaux suivants sont équivalents):
Le système est de rang
2, il est compatible puisqu'il est
équivalent à un système dont le rang est égal au nombre d'équations.
Les inconnues principales sont
x et
z. Les inconnues secondaires
y et
t sont des paramètres
et
.
On trouve facilement une solution particulière de
(
S') en annulant
et
:
.
On vérifie que
s est solution de
(S).
La solution générale de
(
S'0) est
On vérifie que
et
sont solutions de
(S0).
La conclusion s'écrit : L'ensemble des solutions de
(
S) est
:
puis deux exercices WIMS :
-
Mise en oeuvre de la méthode de Gauss :
Les exercices de "Gauss visuel" proposent de résoudre des
systèmes linéaires par la méthode de Gauss. L'étudiant choisit les
opérations élémentaires à effectuer et la machine les fait pour
lui.
-
Analyse des solutions d'un système linéaire à paramètre :
Il s'agit de répondre à des questions
sur l'ensemble des solutions d'un système après l'avoir échelonné.
Utilisation des déterminants
La méthode de Gauss est la plus efficace en particulier pour la
programmation mais l'utilisation des déterminants peut avoir son
intérêt pour les petits systèmes ou les questions théoriques.
D'un point de vue algorithmique, la méthode de Gauss est plus générale puisque elle permet de résoudre les systèmes non carrés ou singuliers. Elle est aussi plus rapide dès que les déterminants ne se calculent pas de tête : elle résoud un système linéaire n x n en Cn3 opérations dans le corps K (additions, multiplications, divisions), pour une petite constante C. Celle de Cramer requiert le calcul de n + 1 déterminants, qu'un algorithme naïf calculera à l'aide de la ... méthode de Gauss, en Cn4 opérations donc. Par exemple pour n=50, un ordinateur qui effectue un milliard d'opérations par seconde mettra environ années pour faire le calcul avec la méthode de Cramer et seconde avec une méthode mieux adaptée. (D'après Algèbre linéaire numérique de G. Allaire et S.M.Kaber Ellipses)
Rang
Le rang
r du système est aussi l'ordre des plus grands déterminants non nuls
extraits de sa matrice.
On garde les notations précédentes ; quitte à changer l'ordre des équations et des inconnues, on peut
supposer que le déterminant
n'est pas nul. En termes de vecteurs colonnes, ceci signifie que les
les vecteurs
u1,
u2,,
ur sont linéairement
indépendants alors que pour
j = r+1,..., n,
uj est combinaison linéaire des
vecteurs
u1,
u2, ... ,
ur.
Compatibilité
Le système est compatible si et seulement si le vecteur second
membre
b est combinaison linéaire des
u1,
u2,...,
un.
Les coefficients d'une telle combinaison forment une solution du système.
On peut traduire cette condition de plusieurs façons équivalentes :
- La matrice
a le même rang que
A.
(La matrice
est la matrice à
p lignes et
n+1 colonnes obtenue
en accollant la colonne second membre à la
matrice
A .)
- Le vecteur
b est combinaison linéaire des
u1,
u2, ... ,
ur.
-
Pour
i = r+1, ..., p, le déterminant
bordant de
D est nul :
Le déterminant
est obtenu en bordant
D avec la colonne du
second membre et la
i-ème ligne.
Il y a
p-r déterminants bordants, on retrouve les
p-r conditions
de compatibilité.
exercice
Formules de Cramer
On peut exprimer les solutions d'un système de Cramer à l'aide des
formules de Cramer :
On note
D le déterminant de la matrice du système (on rappelle qu'un
système de Cramer est carré) et
Dj le déterminant calculé en
remplaçant dans
D la
j-ème colonne par le second membre :
L'unique solution du sytème est
où
sj
vaut
.
Ces formules peuvent être efficaces pour conserver les symétries d'un
système linéaire.
Exemple
Soient
a,
b,
c,
et
des réels tels
que
a,
b et
c ne soient pas nuls ensemble. Résoudre le système
.
(On traitera un
seul cas pour chaque valeur du rang de
.)
Solution
Le déterminant de ce système est un déterminant de Vandermonde qui
vaut
D=(
c-
a)(
c-
b)(
b-
a).
Les autres cas se traitent de même puisque les trois paramètres jouent
des rôles symétriques.
Remarque : Ces formules peuvent être utilisées pour résoudre n'importe
quel système compatible, par exemple pour calculer une solution particulière. En effet
on a vu que tout système linéaire compatible peut être considéré comme un
système de Cramer pour peu qu'on passe les inconnues secondaires dans
le second membre et qu'on les considère comme des paramètres. Une
solution particulière est obtenue en annulant tous ces paramètres.
document sur les définitions et méthodes de résolution des systèmes linéaires.
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